Joie philosophique, joie théologique

Aristote et Saint Thomas d'Aquin

L’apôtre Paul nous invite dans l’Épître aux Philippiens à être « toujours dans la joie » , signe selon lui de notre union au Seigneur comme de la fermeté de notre espérance de sa venue. Si ce sentiment est présent dans les épîtres pauliniennes, dans le cadre d’une réflexion théologique, la joie fut également l’objet d’une réflexion philosophique plus ancienne encore. Pour Aristote, la joie (εὐδαιμονία - eudaimonia) semble être la finalité la plus souhaitable de la vie humaine. Non pas simplement un bonheur passager, mais bien le signe manifeste d’une juste harmonie de notre vie dans l’être, la joie philosophique apparaît comme l’étalon authentique d’une vie complète. Une telle joie semble en ce sens se suffire à elle-même, et nier par cela le besoin de transcendance. Or, si la joie à laquelle nous invite Paul semble être le signe d’un autre bienfait qu’elle-même, la théologie de Thomas nous invite à une conception ambivalente cette joie. Chez Thomas, la joie (gaudium) est la manifestation sensible d’une satisfaction impliquant l’intellect. Plus spécifiquement encore, Thomas dédouble ce sentiment, en distinguant la joie temporelle de la joie éternelle. Si la première est le marchepied de la seconde, il n’en reste pas moins que c’est bien vers cette dernière que nous devons nous acheminer durant notre vie vécue. Un pied dans l’être, un autre par-delà l’être, la joie de Thomas nous donne à penser la transcendance de Dieu depuis l’intensité vécue de l’expérience affective. Comment dès lors interpréter ce sentiment ? Doit-on le considérer comme un don de la grâce ou bien comme l’expression d’une plénitude immanente ? Le cours se donnera pour objet d’explorer la définition conceptuelle de ce sentiment depuis les enseignements d’Aristote jusqu’à ceux de Thomas. Sur cette base, il tâchera enfin de proposer des ouvertures vers une compréhension de ce sentiment dans les Évangiles ainsi que chez deux penseurs de la modernité : Spinoza (laetitia) et Hegel (Freude).

• Le mercredi de 10h30 à 12h
  
• 1ère séance : 12 février 2025
• 12 séances

Numéro de cours : 313

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